Il faut en moyenne quatre heures de temps pour voyager de Foumban pour Ngambe-Tikar. Le calcul de la disponibilité du Bac pour la traversée du fleuve Mbam fait partie des équations à résoudre par les transporteurs et passagers de cette route.
6 heures à sonner ce mercredi 21 février 2024. La ville de Foumban s’est déjà réveillée aux sons des appels à prière entonnés depuis les minarets des différentes mosquées de la cité historique. L’entrée Ouest de cette ville, où sont logée les agences de voyage, grouille de monde. Une ligne de petites voitures s’allonge sur une distance de plus de 500 mètres en face des principales agences de voyage qui relient Foumban aux villes de Douala et de Yaoundé. Ces véhicules de petits calibres cherchent des passagers qui souhaitent voyager pour Bankim, Magba, Massangam, Malatouen, Manki, Bangourain, Ngambe-Tikar et autres. Les chauffeurs desdits véhicules crient à haute voix pour sensibiliser les passagers qui débarquent des gros porteurs en provenance de Douala ou de Yaoundé. Au fur et à mesure que les bus et cars ayant voyagé de nuit en provenance des grandes métropoles débarquent. Certains passagers originaires de la ville de Foumban ne sont pas concernés par ces cris. Ils prennent des taxis ou des motos taxis pour rejoindre leur domicile. Contrairement à ceux pour qui le voyage n’est pas terminé. La vingtaine entamée, Sabine, doit encore parcourir plus de 150 kilomètres pour rejoindre leur maison familiale située à Nji Mapout, le dernier village de l’arrondissement de Malantouen et du département du Noun qui jouxte le fleuve Mbam. Elle se trouve obligée alors d’emprunter le véhicule qui mène à Ngambé-Tikar dans le département du Mbam et Kim. Elle doit payer 4000 Fcfa pour sa tête et 2000 Fcfa pour ses bagages. Les autres passagers qui ont pour destination Ngambé-Tikar, après la traversée du Bac, doivent payer la somme de 4500 Fcfa. Ce qui n’arrange pas Theodore Sipehou. Acteur de la filière foresterie et habitué de cette route, celui-ci se plaint de l’augmentation vertigineuse des prix de transport entre Foumban et Ngambé-Tikar. « La dernière fois que j’ai voyagé pour ici, j’ai payé la somme de 3000 Fcfa. Je suis bien surpris que ce matin on m’oblige à payer 4500 Fcfa pour Ngambé-Tikar », soutient-il. Et de prédire : « C’est un voyage pénible et périlleux ».
La forte absorption des nappes de poussières
Effectivement, après le péage routier de Manki, le chauffeur doit prendre l’embranchement qui mène vers Malantouen. Il se prépare aussi à quitter le goudron pour affronter des nappes de poussières le long de trajet sur une route non bitumée et en cours de terrassement par une entransprise de travaux publics. La route étant moins cabossé permet une libre et rapide circulation des véhicules, au risque que des sacs surchargés au-dessus du véhicule tombent et s’égarent. Le chauffeur est obligé de rouler à forte vitesse, une fois qu’il a géré les deux ou trois barrages de police qui sont postés entre la ville de Foumban et fleuve Mbam. Il doit aussi vite aller pour ne pas arriver en retard à la traversée du fleuve par le Bac. Le trajet entre Foumban et Ngambé-Tikar est de quatre heures de temps, au minimum. Durant le trajet, les passagers, surchargés se plaignent d’étouffement à cause de la mauvaise circulation d’air ou de la forte absorption des nappes de poussières. La savane arborée de type forestière laisse néanmoins au voyageur le souvenir d’un paysage agréable à découvrir. Juste avant d’arriver sur la rive du Mbam, les frissons recommandent et le doute s’installe. « Et si le Bac est en panne que ferions-nous ? », s’interroge un passager. Cette peur est autant justifiée que M. Téné fait savoir que lors de l’un de ses voyages il s’est trouvé obligé de passer la nuit sur place parce que cet engin était en panne. « Je ne peux pas emprunter la pirogue pour rejoindre l’autre rive. C’est trop risqué », déclare-il. Et pourtant, c’est le moyen par lequel, les natifs du coin usent pour se déplacer, sans aucune crainte. Une habitude qui ne plait pas aux commerçants ambulants qui viennent de Bafoussam, de Foumbot ou de Foumban pour vendre les produits de première nécessité à Ngambe-Tikar, à prix d’or, à cause de l’enclavement de cet arrondissement du département du Mbam et Kim. Une source de richesse pour les forestiers et les cultivateurs de maïs. D’ailleurs, de grosses billes de bois sortent de Ngambe-Tikar pour le Port de Douala et sont transportés par des camions qui circulent au-dessus de bac et ce, depuis des années.
El Hadji Ilyassou






