Les multiples facettes du lac Baleng

L’espace qui pourrait constituer un important site touristique est chargé d’histoire.

L’atmosphère au bord du « Grand » lac Baleng-différent des « petits » lacs du village- est constitué d’une alternance paradoxale  entre lourdeur et légèreté, entre tristesse et joie. Un contraste atténué par la douceur  et le calme des eaux qui s’étalent sur environ 2000 mètres carrés. Une surface au-dessus de laquelle quelques feuilles d’arbre mortes essayent péniblement de mener un balaie de la périphérie vers le centre. Cette pesanteur influence-t-elle le mouvement de nombreux poissons notamment des cellules qui séjournent dans ce volume d’eau quasi stagnante? Il est difficile de répondre à cette question. Une chose est sure le lac Baleng serait le point d’eau le plus poissonneux du département de la Mifi. Et ce n’est pas Foupoussi Mathieu, un jeune Baleng qui fréquente cette eau depuis plus de 20 ans qui nous démentirait. Ayant quitté son village il y a huit ans pour aller travailler à Douala ce jeune homme de 31  ans a gardé des attaches solides avec le lac Baleng. C’est même pour lui, un lieu de pèlerinage. Son cadet Chamberlain Kamdem, élève dans un collège de la place partage la même passion. Le collégien passe pratiquement tous ses week-ends loin des flonflons de la ville de Bafoussam. A défaut d’être dans les champs de sa mère, il se trouve au bord du lac Baleng pour une partie de pêche. Son dévouement est autant prononcé qu’il aime conter à ses camarades de classe et enseignants, les légendes du lac Baleng. Sans aucune peur. «C’est pour moi un grand plaisir de livrer une partie de pêche dans le lac Baleng. C’est exceptionnel. Je me sens ressourcer chaque fois que je me trouve au bord de ce lac. Ici je n’ai peur de rien. Nos ancêtres vivent au fond de l’eau. Nous devons les respecter. C’est pourquoi les jours interdits, notamment le jour du petit marché de la chefferie Baleng localement appelé Fèssa, il est interdit de pêcher dans le lac. C’est la tradition. Nous nous soumettons à cela», soutient Stéphane Mathieu Foipoussi. Saurait-il dire le contraire ? Que non! Car au bord du lac Baleng l’on perçoit des indices qui témoignent que le lieu est particulièrement fréquenté par les adeptes de la culture ancestrale Bamiléké. Les nappes d’huile de palme, des couches de sels, des traces d’acajou, des quartiers de cola et des graines de jujubes font partie du décor des pierres et arbres sacrés parsemés autour du lac Baleng. A en croire un tradipraticien de la place, les esprits qui séjournent dans les eaux du lac Baleng permettent aux prêtres et guérisseurs traditionnels de désenvoûter leur patient. «L’eau est le lieu de purification par excellence. Les personnes bloquées pour des causes mystiques ont besoin de décharger leur fardeau dans le lac Baleng. Tout comme pour être libérées du joug des forces maléfiques elles ont besoin de recourir aux ancêtres qui habitent le lac», explique notre source. Il poursuit en indiquant que les esprits du lac Baleng agissent plus pour le bien des originaires de la localité ou de tout allogène né dans le village. Pour lui, les Kamsi ou les magnissi (noms locaux des devins ou médiums) jouissent des facultés qui les permettent de converser avec les forces occultes qui séjournent dans le lac Baleng.

                                  Potentiel touristique inexploité

Seulement, le lac Baleng a perdu de son aura comme destination touristique. Les hautes herbes qui entourent ce lac ne sont pas de nature à favoriser les visites touristiques. Surtout qu’elles rendent le site affreux. Une situation aussi pourrie le fait que des gens-sans preuve- que le lac Baleng a déjà emporté plusieurs expatriés qui s’y trouvaient pour explorer ses merveilles il y a plus de 30 ans. Mais cette allégorie est-elle suffisante pour empêcher le maire de la commune de Baleng de consacrer une rubrique budgétaire à l’aménagement  d’un parc au bord du lac Baleng ou à l’entretien de la principales piste qui y mène. Le centre urbain de Bafoussam est séparé du lac Baleng de près de 10 kilomètres de routes    dont la grande fraction n’est pas bitumée. Ce qui fait que l’usager qui veut se rendre au lac Baleng doit livrer un combat contre les nasses de poussières en saison sèche. Tout comme il doit affronter des plaques de boue en saison pluvieuse. Pire à tout instant le visiteur à pied ou à bord d’un véhicule est appelé à faire montre de patience devant la meute de caillou qui encombre la dernière colline qui débouche sur ce lac de cratère. Faut-il néanmoins préciser et saluer le fait que pour descendre au bord du lac Baleng des escaliers ont été construits pour faciliter l’accès au visiteur. Mais les fils du coin souhaite que le ministère du Tourisme s’implique pour une viabilisation et réhabilitation de cette destination afin que cela puisse doper l’économie locale, essentielle agraire et avicole.

Stéphane Mba

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